Vous voulez savoir comment cette peinture a été faite ?

Suivez le guide, je vous emmène dans les coulisses de mon atelier pour partager avec vous, étape par étape, la réalisation de ce vitrail en trompe l’œil.

Contexte du projet

L’histoire commence dans une église des Vosges.
On sollicite mon avis sur un projet de restauration suite à des travaux d’aménagement.

Il s’agit de réaliser un trompe-l’œil à la place d’un ancien vitrail.

L’affaire est de taille : une voûte romane de trois mètres de haut perchée à plus de deux mètres du sol.

emplacement-du-projet

Pour favoriser l’inspiration, je reste un moment dans l’église à m’imprégner de l’esprit du lieu. Je prends également beaucoup de photos puis réalise des croquis des autres vitraux.

Toutes ces références graphiques seront pour moi autant de sources d’informations précieuses qui me permettront de créer un projet qui s’harmonisera parfaitement au contexte.

Un vitrail en particulier attire mon attention, il me servira de référence principale, le voici ci-dessous

sainte-marguerite-marie---www.techniques-de-peintre.fr

Un peu plus tard, voici la maquette que je présente:

maquette-vitrail

Le projet est accepté ! Maintenant, j’ai le feu vert pour commencer le chantier.

Je vais donc tout de suite partager avec vous les grandes étapes de réalisation de cette peinture sous la forme d’un pas à pas détaillé.

Mais d’abord, je vous laisse regarder ce petit montage vidéo qui présente l’enchaînement des étapes.

Un jour, quelque part, dans l’atelier d’un peintre…

Photo 1

Pour des raisons pratiques, le support est découpé en 3 parties.
C’est un panneau de contreplaqué « marin » d’épaisseur : 25mm

Pour commencer, j’encolle de la toile de verre (très lisse) sur les deux faces des 3 panneaux.

Le but est d’obtenir une surface à peindre propre et sans imperfections pour le décor lui-même.

Après séchage, j’applique au rouleau 2 couches de peinture acrylique satinée blanche sur toute la surface à peindre, le résultat est engageant : voici ma page blanche !

support à peindre
support à peindre

Photo 2

J’imprime la maquette du projet sur une feuille transparente.
Ensuite, en la plaçant sur un rétroprojecteur, j’agrandis l’image sur les panneaux.

L’opération est assez périlleuse, il faut trouver la bonne échelle et donc la bonne distance entre le projecteur et le support puis faire coïncider chaque bord de la maquette avec les bords de la planche.

Quand tout est en place, vient le moment de tracer au crayon tous les détails du dessin.

rétroprojecteur
photo 2

Photo 3

Dans le cas d’un trompe-l’œil de vitrail, il y a beaucoup de contours noirs à peindre.
Ces contours représentent les « profilés de plomb » qui sertissent toutes les pièces de verre et les tiennent ensemble.

C’est par là que je commence la peinture, ensuite je remplirai chaque zone comme un géant cahier de coloriage.

photo 3
photo 3

Photo 4

Pour faire ces contours, je recouvre mon panneau d’un film adhésif fin et j’apporte encore des corrections au dessin, directement sur le film adhésif, au feutre fin noir permanent.

Ensuite, au cutter, je découpe toutes les parties correspondant au « chemin de plomb ».
Je les évide afin de les laisser « en réserve » avant de les peindre.

découpe du pochoir
photo 4

Photo 5

Les parties mates sont les parties évidées, prêtes à peindre.
Les « gommettes » grises sont réalisées en D.A.O (Découpe Assistée par Ordinateur) afin d’obtenir un résultat d’une plus grande précision.

support prêt à peindre
photo 5

Photo 6

Place à la peinture !

Pour un résultat impeccable, je pulvérise ma couleur à l’aérographe.
Je peins donc chaque zone laissée en réserve avec un noir légèrement mélangé à du rouge magenta.

La peinture utilisée est l’acrylique en tube de chez Dalbe et la « Liquitex professionnel », fortement diluée.

Attention ! Pour peindre à l’aérographe, il est nécessaire de porter un masque à peinture et d’utiliser une hotte aspirante pour ne pas inhaler les particules de peinture en suspension dans l’air.

Parce qu’on ne pourrait pas obtenir une opacité parfaite du premier coup, il faut passer plusieurs couches fines successivement avec un temps de séchage entre chacune.

pulvérisation aérographe
photo 6

Photo 7

Une fois que tout est bien recouvert, je laisse sécher tranquillement, le temps d’aller prendre un café…

pochoir recouvert
photo 7

Photo 8

Voilà le résultat une fois que tous les caches sont enlevés.
Je vous parlais d’un cahier de coloriage, non ?

cahier de coloriage
photo 8

Photo 9

Quand j’utilise l’aérographe je travaille généralement avec des peintures transparentes en superposant les couches du plus clair au plus foncé.

En voici un exemple pour les motifs dorés réalisés avec les peintures transparentes de chez Createx.

Dans un premier temps je couvre toute la surface du motif avec un jaune d’or.
La transparence de la peinture me permet de garder visible le tracé au crayon.

motif doré 1
photo 9

Photo 10

Avec un jaune-orangé et en me servant de la maquette comme modèle, je place les ombres et donne du volume au motif.

motif doré 2
photo 10

Photo 11

Je travaille mon modèle à main levée et aussi avec un « perroquet » traceur de courbes qui me sert de cache volant.

motif doré 3
photo 11

Photo 12

J’accentue encore le contraste des ombres avec un marron clair puis un noir transparent.
Je termine ensuite le motif au pinceau avec de la peinture noire opaque mais assez liquide.

motif doré 4
photo 12

Photo 13

Maintenant que les dorures sont faites, voilà le résultat avec un peu de recul.

médaillon doré
photo 13

Photo 14

Sur la maquette du projet, le fond du médaillon central est fait d’un beau dégradé de bleus, orné d’une multitude de petites fleurs de lys.

Afin de rester le plus fidèle possible à la maquette, je fais des tests de couleurs pour arriver aux trois couleurs qui composent le dégradé→ Un bleu cyan décliné en trois valeurs différentes.

Cette fois-ci je choisis une peinture acrylique en tube opaque et couvrante bien qu’assez liquide pour pouvoir la passer dans l’aérographe.

Je masque à nouveau tout le panneau d’un film adhésif puis je découpe au cutter les contours de chaque zone à peindre.

Je commence ensuite ma pulvérisation par le bleu le plus foncé puis je remonte progressivement en faisant se chevaucher les différentes couches jusqu’au bleu clair.

fond bleu 1
photo 14

Photo 15

Une fois le film adhésif enlevé, voilà notre beau dégradé !
Après cette étape, j’ajoute encore quelques ombres portées autours des « plombs » pour simuler leur relief.

fond bleu 2
photo 15

Photo 16

Il faut maintenant représenter toutes les fleurs de lys qui forment la trame de fond du médaillon.
Pour ce travail de précision, je recours à la D.A.O.

Avec le  « Craft Robo » de chez Graphtec, je découpe dans un rouleau adhésif ces motifs préalablement créés dans  « Photoshop » puis importés dans « Silhouette Studio ».

craft-robo
photo 16

 Photo 17

A l’aide d’un « film de transfert », je place les motifs découpés sur le support.
Comme la surface est importante, je dois m’y prendre à plusieurs fois pour couvrir tout le dégradé.

découpe assistée par ordinateur
photo 17

Photo 18

Tout est en place, le reste du décor a lui aussi été recouvert pour protéger le travail déjà fait.

sticker fleurs de lys
photo 18

Photo 19

Avec une peinture noire opaque mais bien diluée, je pulvérise un voile léger mais uniforme sur l’ensemble de la trame de fond.

trame de fond
photo 19

Photo 20

Une fois que le voile de peinture est sec, retirer les caches et découvrir le résultat est un des meilleurs moments !

échenillage
photo 20

Photo 21

Et voilà !

fond-fleurs de lys
photo 21

Photo 22

Sur cette photo, vous pouvez voir le « perroquet » traceur de courbes que j’utilise et la manière dont on peut s’en servir comme cache volant (pochoir sans découpes).

La souplesse de cette technique permet d’obtenir des volumes aux contours très doux.

cache volant
Photo 22

Photo 23

Cette feuille ornementale est un motif répétitif qu’on retrouve sur tout le périmètre du décor.

Je protège ses contours grâce à une feuille de plastique transparente dans laquelle j’ai découpé une fenêtre de la forme du motif.

Ce pochoir volant sera réutilisé pour tous les motifs semblables.

La première couche de peinture est un rouge magenta transparent de chez Createx.

Étant donné que les peintures transparentes ne couvrent pas le noir, cela me permet de ne pas me soucier d’un débordement éventuel lors de la pulvérisation.

feuille ornementale 1
Photo 23

Photo 24

Toujours en transparence, laissant apparaître la première couleur, je réchauffe le motif avec un léger jaune d’or.

feuille ornementale 2
Photo 24

Photo 25

Au « perroquet » et à main levée, je contraste ensuite les reliefs des pétales avec un gris foncé transparent.

feuille ornementale 3
Photo 25

Photo 26

Au pinceau fin, j’ajoute quelques touches blanches sur les zones les plus exposées à la lumière.

feuille ornementale 4
Photo 26

Cliquez ICI pour découvrir la suite de ce pas à pas dans un deuxième article …

    11 replies to "Un vitrail en trompe l’œil"

    • Renata

      wuauuuuu C’est G E N I A L !
      Quel boulot!
      Combien de temps as tu passé dans ce travail?

      • Etienne Delvarre

        Merci pour ton message Renata,
        je n’ai volontairement pas compté mes heures pour ce travail mais je peux dire que ça se compte en mois…

    • Zayko

      Bonjour !

      Merci pour ce superbe article ! J’ai pu comprendre par de simples photos et quelques phrases les techniques de l’aérographe ! Vous êtes bien équipé, je ne connaissais pas du tout le film de transfert ainsi que craft robot !

      Je suis admirative devant votre savoir faire et votre patience !

      Je suis curieuse du tarif d’une telle commande vu le travail et le temps demandé, mais je comprendrais que vous ne souhaiteriez pas le dévoiler 🙂

      J’achète prochainement un aérographe afin de compléter mes réalisations à la peinture, j’ai hâte.

      • Etienne Delvarre

        Bonjour Zayko, merci pour ton message.

        Je pense que j’écrirai prochainement un article sur l’utilisation du Craft Robo car on peut faire de nombreuses choses avec cet outil.

        Par rapport au vitrail en trompe l’œil, c’est clair que ce n’est pas pour l’argent que je l’ai fait.
        Je n’aurais jamais pu facturer ce projet au tarif horaire, non !
        En revanche j’ai accepté de faire cette commande parce qu’elle est arrivée à un moment de ma vie où je me demandais si j’étais fait pour la peinture !
        On peut dire que c’était une réponse à mes prières dans un grand moment de doute…

        J’ai vu ton blog, tu as beaucoup de talent. Que ta lumière ne reste pas dans l’ombre !
        Bon apprentissage de l’aérographe, voici deux bon modèles pour bien débuter :
        http://www.techniques-de-peintre.fr/evo (lien affilié)
        http://www.techniques-de-peintre.fr/inf-solo (lien affilié)

        Etienne

        • Zayko

          Merci pour ta réponse !

          Je comprends pour cette commande de vitrail en trompe-l’œil, c’est en effet un travail colossal qui aurait été difficile à chiffrer. C’est super d’avoir fait ça dans le but d’obtenir des réponses sur soi.
          J’espère que tu as pris conscience que tu étais fait pour !

          Merci pour ton compliment, ça me touche beaucoup.
          Je te remercie pour ce blog très complet que je recommanderai !
          Ton dernier article sur le support m’a encore révélé une nouvelle chose, moi qui me ruine en toile tendue et qui me posais la question des futures découpes à faire avec l’aérographe ! La réponse était ici 🙂
          Est-ce que ce sera facile à accrocher à un mur ?

          (Surtout que lorsque j’ai appris la peinture à l’huile je le faisais sur des planches MDF que je ponçais + sous couche acrylique à nouveau poncée, c’était un plaisir de peindre sur une surface très lisse !)

          Bonne continuation, je garde ce site en favoris, hâte de voir l’article sur le Craft Robo, il sera sûrement sur ma liste d’achat futur.

          • Etienne Delvarre

            « Est-ce que ce sera facile à accrocher à un mur ? »

            Pour accrocher une toile marouflée au mur, il y a deux solutions :

            – Pour un MDF de 6mm il faut encadrer le panneau et attacher un câble sur le cadre lui-même ; c’est la méthode que j’utilise mais dans ce cas, le cadre doit être assez solide surtout si le panneau est grand car c’est lui qui supportera tout son poids!

            – Pour un MDF de 3mm on peut coller une pastille genre « attache assiette » au dos du panneau. Ces pastilles sont adhésives mais il est préférable d’y ajouter de la colle néoprène pour ne pas risquer de le voir se décoller en exposition…

          • Etienne Delvarre

            Voilà mon article sur le Craft Robo, bonne lecture:
            http://www.techniques-de-peintre.fr/a-decouvrir/silhouette-studio/

    • CVeka

      Bravo ! Magnifique travail qui signe l’œuvre d’un passionné !

      • Etienne Delvarre

        Merci à toi, je peux dire que ce travail passionnant m’a demandé de l’endurance et surtout du cœur!

    • Sr Maryse

      Wow!!!

      Que de persévérance dans ce travail immense!!! c’est beau de voir encore des personnes jeunes! qui font de très belles choses comme ça!
      Merci pour ce que tu fais et merci pour ton site!
      Je vais le partager autour de moi.
      Et je te dis: Bonne continuation! tout est intéressant!

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